Photo de Johanna, médecin qui porte ses cheveux crépus

Johanna raconte son big chop par accident….

Comment décrirais-tu tes cheveux ?

J’ai les cheveux crépus mais ma texture n’est pas la même partout. La boucle est plus ou moins serrée à des endroits.

Tu avais les cheveux défrisés pendant longtemps, à quel âge as-tu fait ton premier défrisage et pourquoi ?

J’ai fait mon premier défrisage à 14 ans. Jusque là, ma mère me coiffait. A aucun moment, je n’ai envisagé de gérer mes cheveux crépus toute seule.

“Selon moi, les cheveux défrisés étaient plus simples”

Je faisais un soin et un masque toutes les semaines. J’avais ma routine, j’étais satisfaite. Je savais quoi faire. Je comprenais mes cheveux et j’allais tous les 3 mois chez le coiffeur pour couper les pointes et refaire mon défrisage.

Pourquoi es-tu passée au naturel alors ?

J’avais l’habitude de faire un défrisage chez un coiffeur, toujours le même, avec ou sans soude, je n’avais pas de préférence.

“Le naturel s’est imposé à moi. Je n’ai pas vraiment choisi”

Pour les besoins de mon métier, j’ai déménagé à Nice. J’ai dû chercher un nouveau coiffeur et sur ses conseils, j’ai testé le lissage brésilien. C’est là que tout s’est compliqué.

Qu’est ce que ça a donné ?

Le lissage brésilien n’a pas pris aux endroits où mes cheveux sont les plus crépus. Ça a fait beaucoup de dégâts. J’utilisais quand même un shampoing sans sulfate et un masque recommandés par le coiffeur.

“Un mois après, je ne reconnaissais plus mes cheveux”

Les pointes étaient sèches, cassantes et fourchues. J’y mettais de l’huile de ricin, je faisais mes soins hebdomadaires mais rien n’y faisait. En fait, j’ai perdu mes cheveux par les pointes.

Comment la transition s’est-elle passée ?

Un mois et demi après, j’ai profité d’un retour en Guadeloupe pour aller chez ma coiffeuse habituelle. Au bout du premier coup de ciseau, j’ai compris que nous ne nous étions pas comprises du tout.

“Je voulais qu’elle coupe la partie abîmée. Elle pensait que je voulais faire un big chop.”

Que s’est-il passé ensuite ?

Je me suis retrouvée avec un carré plongeant asymétrique.

“Je ne me reconnaissais pas, je n’étais vraiment pas bien.”

En plus, je devais arrêter les produits chimiques pendant un temps afin que mes cheveux reprennent. Pour couronner le tout, je déménageais de nouveau et cette fois ci, dans un village de 5 000 habitants. Autant dire, qu’il n’y avait aucun coiffeur qui pouvait coiffer mon cheveu dans les environs.

“Je suis entrée dans une phase de dépréciation de mes cheveux et de moi même.”

J’ai quand même essayé de reprendre la main. Je suivais assidûment les conseils de ma coiffeuse. C’est vrai que les pointes qu’elle avait coupées ne se dégradaient pas mais je n’acceptais pas mes cheveux. Quand mon brushing était bien fait, ça me donnait une certaine confiance en moi.

“Je contrôlais mes cheveux, je contrôlais ma journée en quelque sorte.”

Combien de temps ça a duré ?

Ça a duré 2 mois. Je me faisais une couronne de tresses le plus souvent. J’ai profité d’un passage à Paris pour me rendre dans une boutique. Il me fallait des produits pour les cheveux en transition. Je suis repartie avec un shampoing et le lait capillaire de la gamme “Raw Shea Butter” de la marque Shea Moisture et un masque “Manuka honey & Mafura oil”.

“Dès la première utilisation, j’ai été conquise. Je ne reconnaissais plus mes cheveux. Les cheveux crépus et lisses étaient autant malléables et brillants.”

Finalement, je m’occupais de mes cheveux toute seule et j’allais chez le coiffeur pour me couper les pointes quand j’étais en Guadeloupe. Je suis entrée dans une période de transition tout naturellement.

Aujourd’hui, tu as les cheveux courts, comment est-ce que ça s’est passé ?

J’ai coupé mes cheveux toute seule dans ma salle de bain le 14 Juillet 2017.

Je revenais d’une journée à la plage avec des amies. J’étais la seule noire. Une d’entre elles est coiffeuse et on a discuté de mes cheveux. Je lui ai expliqué comment j’en prenais soin, elle les a touchés, me disait qu’ils étaient beaux mais qu’elle était incapable de les coiffer.

“Le soir, après mon shampoing, je les ai coupés.”

Et dans ton travail, comment s’est passé la transition ?

J’ai des surnoms. Les patients m’appellent “Le médecin avec les cheveux comme ça” en mimant ou j’ai droit à des expressions comme “tu t’es coiffée avec un pétard” ou “Ah la touffe”.

Je pense que la plupart de mes collègues ont déjà touché mes cheveux. Au début, je n’aimais pas trop, par pudeur et puis, je m’y suis habituée. Ce n’est pas méchant, par exemple ma co-interne Vivi aime bien me toucher les cheveux, c’est bizarre mais ça l’apaise.

Ta relation avec tes cheveux a évolué depuis ?

Je suis encore en phase d’apprentissage mais mon regard sur eux a complètement changé. Nous cohabitons.

“Je ne m’attends plus à ce qu’ils fassent exactement ce que je veux.”

Lorsque j’ai l’idée d’une coiffure, si ça fonctionne tant mieux sinon, je change et je les porte en afro. Je ne me bas pas, je ne cherche pas à les plaquer à tout prix.

Est-ce qu’ils influencent encore ton humeur ?

Ça n’a rien à voir. Peu importe la coiffure et sa réussite, ils ne déterminent plus mon humeur. Je ne saurais pas l’expliquer mais en les acceptant, ils ont arrêté de prendre le dessus sur moi.

“En les retrouvant, j’ai arrêté de les laisser me commander et pourtant, je ne les contrôle pas.”

Deux ans auparavant, si on m’avait dit que je serais naturelle, je ne l’aurais pas cru. J’allais tout le temps chez le coiffeur et maintenant, il n’y a que moi qui me coiffe. Ça fait un an et une semaine que personne d’autre ne m’a coiffée.

“Deux ans auparavant, si on m’avait dit que je serais naturelle, je ne l’aurais pas cru.”

Merci Johanna !

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